Florilège de Rothschild

Je vous propose cette semaine un nouveau billet autour d’un manuscrit hébreu : le Florilège de Rothschild, un somptueux manuscrit de la Renaissance inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (registre de la Mémoire du Monde) depuis 2012.

Aujourd’hui conservé au Musée d’Israël à Jérusalem sous la côte ms. 180/051, le florilège de Rothschild fut réalisé en 1479 en Italie d’après la commande d’un certain Moïse ben Yekutiel ha-Kohen installé dans le Nord du pays. Sur près de 950 pages, 816 sont décorées d’enluminures et miniatures d’exception, mais aussi d’ornements en tous genres dans le style Renaissance italienne. Ces illustrations témoignent ainsi de l’apogée créative de l’enluminure dans les manuscrits hébreux de cette période.

Certains historiens de l’art attribuent l’œuvre à l’atelier de Leonardo Bellini, un fameux enlumineur de la région de Ferrare, qui contribua largement au renouveau de l’art de l’enluminure italienne de la seconde moitié du 15e siècle. Quoi qu’il en soit, il s’agirait d’une œuvre issue des plus grands ateliers de l’époque de la Renaissance, tels que ceux qui travaillèrent pour la maison d’Este – les seigneurs de Ferrare.

Ce manuscrit est une compilation de divers textes (37 au total) : une partie contenant la Bible (Psaumes, Proverbes, livre de Job) mais aussi un livre de prières contenant la Haggadah de Pessa’h, et une partie contenant des textes poétiques, juridiques et des textes issus de la littérature rabbinique comme Moïse Maïmonide.

Mais plus qu’un manuscrit religieux, il s’agit surtout d’un témoignage culturel. En effet, les miniatures et décors donnent un rare aperçu des coutumes religieuses, par l’illustration des scènes de cérémonies, mais aussi de la vie quotidienne ou encore des modes vestimentaires des Juifs d’Italie à la Renaissance. Resté pendant des siècles en possession de la communauté juive d’Italie, il est acquis au début du 20e siècle par Edmond de Rothschild. Alors qu’il était conservé dans l’hôtel de la famille Rothschild à Paris, le manuscrit est saisi par les autorités nazies en 1942. Il disparaît alors pendant plusieurs années, avant d’être vendu par un libraire berlinois à la bibliothèque du Jewish Theological Seminary en 1950. Le bibliothécaire du séminaire, Alexander Marx, identifia alors le manuscrit et le rendit à ses propriétaires, la famille de Rotschild. Quelques années plus tard, James de Rothschild en fit don au Musée Bezalel en Israël. Enfin, le manuscrit fut transféré au Musée d’Israël en 1965 et y demeure encore aujourd’hui.

Je vous propose maintenant de découvrir quelques-uns des folios qui composent le Florilège :

image 1 : folio 1r : Livre des Psaumes, miniature représentant le roi David jouant de la harpe dans un décor à la végétation luxuriante avec de nombreux animaux (cerfs, lapins, colombes).

image 2 : mot-initial orné et illustré d’une miniature représentant des époux dansant ensemble. Il s’agit d’une coutume courante dans l’Italie du milieu du 15e siècle : la danse mixte.

image 3 : folio 65v : enluminure pleine-page représentant la fortune de Job restituée.

image 4 : folio 105v : mot orné peint et doré à la feuille d’or, et miniature représentant le service de Shabbat du matin.

image 5 : folio 120v : mot orné, ornements floraux et végétaux, et miniature représentant la cérémonie de mariage.

image 6 : folio 121v : en haut de la page, une première miniature représente les sept bénédictions nuptiales suivant le mariage. La miniature du dessous, représente quant à elle la cérémonie du matin suivant un enterrement.

image 7 : folio 155v : plusieurs miniatures représentant les préparations préliminaires pour Pessa’h. On peut y voir par exemple la préparation du pain azyme (miniature du panneau bas).

image 8 : folio 460r : miniature représentant la mort d’Alexandre. Le texte est issu d’une traduction d’une œuvre du médecin et philosophe Hunayn ibn Ishaq (Bagdad, 9e siècle)

image 9 : folio 312r : miniatures illustrant « Les Contes des Anciens » (Meshal ha-Kadmoni)

Source : Unesco

Bonne découverte !