Canon Avicenne Ibn Sina

Je vous propose de découvrir un patrimoine documentaire inscrit au Registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO depuis 2003 : les œuvres d’Avicenne (Ibn Sînâ) de la Bibliothèque des Manuscrits Süleymaniye d’Istanbul.Ibn Sînâ (980-1038), dit Avicenne, philosophe et médecin perse, fut l’un des plus grands savants du monde islamique au Moyen Age. Il est l’auteur d’une œuvre très vaste, avec plus de 200 ouvrages ayant survécu et étant parvenus jusqu’à nous.

La bibliothèque de manuscrits Süleymaniye possède une vaste collection d’environ 600 manuscrits des œuvres d’Avicenne, dont les plus anciens sont datés du 11e siècle. En 2003, la Turquie a soumis cet ensemble documentaire au registre de l’UNESCO. Parmi ces documents, on retrouve donc des manuscrits d’une grande valeur. Cette valeur est aussi, par exemple, esthétique grâce au style calligraphique, à une décoration somptueuse, ou encore à des reliures précieuses.

Un exemple particulièrement important de cette collection se trouve dans le « Kitab Al-Qanûn », ou « le Canon de Médecine », œuvre majeure d’Avicenne, et présent en plusieurs exemplaires. Il s’agit d’une œuvre encyclopédique, une somme du savoir médical de l’époque organisée de manière rigoureuse et fondée sur la raison et la logique d’Aristote, qui fut achevée dans les années 1020. Avicenne y a consigné les théories de Galien, Hippocrate, Aristote ou encore Rhazes, références de la médecine à cette époque, ainsi que ses expériences personnelles (avec les patients et les maladies), ses commentaires et ses observations. L’œuvre fut traduite par Gérard de Crémone en latin au 12e siècle, ce qui permit sa diffusion dans l’Occident latin. En effet, le Canon fut utilisé et transmis dans le monde islamique mais aussi en Europe jusqu’à l’époque moderne où il fit, pendant longtemps, office d’autorité dans le monde de la médecine. Il fut notamment utilisé comme manuel d’enseignement. Le Qanûn ne sera remis en cause qu’à partir de la fin du 16e siècle, par exemple par Léonard De Vinci et ses recherches sur l’anatomie humaine. Cette œuvre contient à la fois des principes généraux et les règles particulières qui y sont associées, cela pour chaque situation retrouvée dans la pratique de la médecine.

Ainsi, le Canon est présenté en cinq livres : le premier, intitulé « Principes généraux de la médecine » présente des généralités sur l’anatomie, la santé, les traitements, le style de vie à adopter etc. Le deuxième, « Pharmacopée », présente quant à lui des remèdes de diverses origines (végétales, animales, minérales). Puis, le troisième, « Pathologies spéciales », expose les maladies en fonction des différents organes, de la tête aux pieds, tandis que le quatrième livre, « maladies impliquant plusieurs membres » se concentre sur les maladies qui affectent l’ensemble du corps telles que les fièvres, les poisons, ou encore les tumeurs. Enfin, le dernier livre présente des composés médicinaux avec les utilisations et effets associés (pommades, onguents, sirops…).

Je vous laisse maintenant découvrir quelques images des exemplaires du Qanûn conservés par la bibliothèque Süleymaniye :

– Image 1 : manuscrit conservé à la bibliothèque Süleymaniye : Al-Qanûn : pleine-page enluminée, décor composé d’arabesques et motifs floraux, peinture bleue et rouge et dorure, autour d’un texte central

– Image 2 : même manuscrit, première page du Canon d’Avicenne enluminée et décorée à la peinture et feuille d’or

– Image 3 : Al-Qanûn : pleine page enluminée marquant le début d’un chapitre (chaque livre contient des divisions et subdivisions)

– Image 4 : Al-Qanûn : un autre exemple de début de chapitre enluminé

– Image 5 : reliure d’un exemplaire du Canon d’Avicenne : ici une reliure de cuir avec dorures et peintures

– Image 6 : page titre du Canon

Pour compléter, je vous propose également de découvrir quelques images d’autres manuscrits enluminés du Kitab Al-Qanûn conservés dans diverses bibliothèques du monde :

– Image 7 : ms or. 155 : Système nerveux, manuscrit persan du Qanûn, Wellcome Library, Londres (16e siècle)

– Image 8 : même manuscrit londonien

– Image 9 : manuscrit conservé par la bibliothèque de l’Université de Yale, également daté du 16e siècle Et pour terminer, un manuscrit conservé en Azerbaïdjan et également inscrit au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO

– Image 10 : manuscrit de l’Institut des Manuscrits de l’Académie Nationale des Sciences d’Azerbaïdjan, dans la collection de « manuscrits du Moyen Age relatifs à la médecine et à la pharmacie ». Ici l’un des plus anciens manuscrits du Qanûn, daté des années 1030.

Bonne découverte !

Sources :
Unesco et Gallica-BNF